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Critique

Paris pas perdu

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Pavés de Baudelaire ou de 1968 : la déambulation alerte et littéraire d’Eric Hazan .
publié le 16 janvier 2003 à 21h50

Avant d’être éditeur et aujourd’hui auteur, Eric Hazan était chirurgien. De fait, son essai sur Paris est plus une autopsie qu’une promenade au fil du temps et des textes, comme la bibliographie parisienne en est encombrée. L’oeil tranchant, cet arpenteur inlassable met à nu un Paris «discontinu et souterrain», qui échappe à la chronologie et à la géographie convenues. L’Invention de Paris dissèque la ville par cercles concentriques, découpe des strates successives, opère des ligatures inattendues, le tout structuré par une idée-force : Paris, «tant de fois menacé, assiégé, envahi, est soumis depuis la nuit des temps à la contrainte de ses enceintes. (..) Le scénario est toujours le même. (..) Lorsque la concentration intra-muros devient intolérable, on démolit l’enceinte, on en construit une nouvelle plus loin, les faubourgs sont absorbés et le cycle recommence.»

Dans une première partie, l'auteur vagabonde ainsi au gré des «chemins de ronde» qui ont ceinturé la ville, depuis les remparts de Philippe Auguste jusqu'au périphérique actuel, en passant par le mur des Fermiers généraux et les boulevards des Maréchaux. Dans cette apparente dérive, fourmillante de détails et d'érudition, Eric Hazan n'a pas peur de se perdre, s'arrêtant et rêvant sur telle plaque sur un mur, telle courbe de rue, telle empreinte historique : pour lui comme pour Breton, «il n'y a pas de pas perdus» et la forme d'une ville est aussi une construction intime. Ces déambulations renforcent sa conviction qu