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Libération
Critique

Politique de Pears

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A travers le temps et l'espace, la mystérieuse transmission d'un manuscrit de Cicéron.
publié le 16 janvier 2003 à 21h50

L'ombre d'un texte mythique de Cicéron, qui donne son titre au roman, plane sur celui-ci de manière obsédante, et d'autant plus peut-être qu'il n'est jamais donné à lire, comme sous l'effet d'une contrainte supplémentaire décidée par l'auteur.

Iain Pears nous avait laissé le souvenir d'une fable magnifique, pleine de ténèbres, le Cercle de la croix, paru il y a quatre ans. Il y relatait de manière circonstanciée un mystérieux complot dans l'Angleterre du XVIe siècle, multipliant les points de vue jusqu'au vertige. Dans le Songe de Scipion s'entrelacent trois courants de conscience suscités par l'écrivain pour soutenir la thèse de ce livre plus ambitieux peut-être que le précédent. Trois personnages se transmettent à travers le temps et l'espace le fameux texte disparu de Cicéron, réécrit par le premier d'entre eux, un certain Manlius Hippomanes, qui vit les derniers moments de l'empire romain à Vaison, dans la région d'Avignon. Manlius est un homme de grande culture, un philosophe qui lutte à sa façon contre l'avancée de la barbarie en Gaule. Combat inégal s'il en fût, mais qui rend son geste encore plus noble et pathétique.

Le deuxième cercle du récit est celui où sévit le poète Olivier de Noyon, au XIVe siècle, dans l'entourage du pape régnant en Avignon. S'il se passionne pour le manuscrit de Manlius, c'est notamment parce que ce dernier fut évêque de Vaison tout autant que l'auteur du texte qui le fascine. Mais plus encore, sans doute, parce qu'il trouve dans sa réflexion