On n'en finit pas de chercher les origines de la Révolution française. Depuis la mise à l'écart, dans les années 1980, des explications d'inspiration marxiste, les historiens ont multiplié les approches alternatives. François Furet cherche ainsi une explication de nature idéologique, l'historien britannique William Doyle penche pour une approche politique et Roger Chartier insiste sur la dimension culturelle. Ces explications ont chacune leur part de vérité mais ont en commun de faire apparaître la Révolution essentiellement comme un phénomène du XVIIIe siècle. L'originalité du livre déjà classique de Dale van Kley, grand spécialiste américain de l'Ancien Régime, est de revenir à des explications de longue durée. Pour lui, le lien qui se noue au XVIe siècle entre le roi et la religion est une cause majeure, deux siècles plus tard, de l'effondrement de la monarchie.
Les guerres de Religion ont conduit beaucoup de contemporains à souhaiter une monarchie forte, capable de s'imposer tant aux protestants qu'aux ligueurs catholiques. Mais pour être absolue, il fallait faire de la monarchie une «rivale de l'...glise dans la médiation de la relation de ses sujets à Dieu». L'idée que le roi est responsable devant Dieu seul se répandit assez largement. La «raison d'...tat», notion élaborée précisément au début du XVIIe siècle et utilisée par Richelieu, loin d'être un signe de sécularisation, se nourrira de cette sacralité en partie reportée sur l'...tat. Ce supplément d'âme renforça co