Trois ans après le Journal de mon père, Taniguchi revient avec deux ouvrages intimistes. Le premier raconte la vie de Sôseki à l'époque de l'écriture de Botchan (1906), dans un Japon qui s'occidentalise à grande vitesse. La ligne est claire et classique et le scénario se construit au rythme des rencontres de l'écrivain avec des personnages historiques ou des anonymes qui vont l'inspirer, chacun étant pourvu d'une note de bas de page qui indique le rôle qu'il sera appelé à jouer dans l'histoire de Botchan et dans l'Histoire tout court. On retrouve la même téléologie commode dans le tome 1 de Quartier lointain (nominé deux fois), journal imaginaire de Hiroshi Nakahara, 48 ans, porté sur la boisson, et qui se retrouve par une erreur ferroviaire dans la ville de son enfance et par magie dans le corps de ses 14 ans, avec son expérience et sa conscience d'homme adulte. Taniguchi excelle dans le genre de la vraie-fausse autobiographie. Le retour en arrière de son héros le ramène de façon pressante à son présent, mettant sous ses yeux la question du devenir et l'obligeant à considérer qu'on ne se baigne jamais deux fois dans les mêmes fleurs de cerisier : «Comme chaque matin, je me suis réveillé avec l'espoir d'ouvrir les yeux sur ma vie d'adulte... Mais rien n'avait changé, j'avais toujours 14 ans... Une chose était différente pourtant, c'étaient les 14 ans : ils n'étaient plus les mêmes "qu'avant".» Cette découverte se double d'une autre, non moins troublante, qui est que chaque m
Critique
Autant en apporte le Levant
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par Eric Loret
publié le 23 janvier 2003 à 21h57
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