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Libération
Critique

De la philo à retordre

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publié le 23 janvier 2003 à 21h57

Le philosophe de la bande (dessinée), testé et approuvé par l'université de Nice, c'est évidemment Joann Sfar. Ce garçon qui ne chôme pas est actuellement en train de remplir les étagères à venir de nos enfants, neveux et autres filleules en produisant, seul ou bien accompagné (Guibert, Blain et Trondheim), des albums qui remplaceront, lors des anniversaires et Noël afférents, à la fois Tintin (pour le côté «connaissance des peuples») et Astérix (où l'on apprenait jadis le sens critique). Avec leurs dialogues impeccables et pleins de poésie, les livres de Sfar traitent toujours de près ou de loin de religion, d'identité, de problèmes éthiques et logiques, en particulier à travers l'exploration du judaïsme et de son rapport à la lettre. Souvent, il s'agit d'une morale à usage quotidien, comme la réflexion que l'on voit développée dans Socrate le demi-chien à propos de la domination masculine : «Je ne suis pas sûr que toutes les femmes aient envie d'être des mères, des épouses et des maîtresses, cogite le cabot. C'est comme les chiens, on ne leur demande pas leur avis.»

La nouvelle série de Sfar, le Chat du rabbin met quant à elle en scène un félin doué de parole. Après avoir confronté liberté rationnelle et politique («La seule chose qui pourrait restreindre ma liberté absolue, ce serait qu'on me colle des baffes»), Sfar nous emmène sur les chemins de l'éthique («il y a eu un miracle : le chat parle (...) mais il y a un grand malheur aussi : il ne dit que des mensonges»), puis