Comme il n'a fait que trois albums en dix ans, on peut dire que Patrice Killoffer, membre fondateur de l'Association, est un auteur rare. Cependant, il compense quelque peu son absence passée en apparaissant six cent soixante-seize fois dans Six cent soixante-seize apparitions de Killoffer on les a comptées. C'est donc l'histoire de Killoffer qui va à Montréal où on lui a passé commande. Les dix premières pages, qui forment une sorte d'introduction, semblent être la mise en planches de ce projet : ayant laissé sa vaisselle pourrir à Paris, Killoffer raconte comment il passe son temps à mater assidûment les filles dans les rues printanières. Hélas! sa satisfaction est inversement proportionnelle à son priapisme : il n'emballe que dalle. Le tout s'accompagne d'une réflexion matérialiste pur jus où notre héros se demande si on ne serait pas par hasard «en train de creuser notre tombe avec la bouche pour la boucher avec le fion», le lombric fossoyeur devenant la figure dominante de son discours. Après ce début déjà très bien, la seconde partie se révèle rectangulairement (37 X 25 cm) puissante. Killoffer coupe le son, enlève la rampe et c'est parti pour trente-huit pages d'hallucinations narcissiques où l'horreur le dispute à l'hilarité.
Tout d'un coup, il n'y a plus que des Killoffer partout, qui finissent par se noyer dans un bain de sang, de vomi, de sperme et de merde. En effet, à force de picoler, le héros se dédouble, se décuple, se poursuit, se fuit, se console, se frapp