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Critique

Freud traduit en justesse

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Nouvelle traduction, au plus près, de «l'Interprétation du rêve», texte fondateur et mythique de la psychanalyse. Récit de la très complexe publication en français des oeuvres complètes de Freud, commencée en 1988, et qui devrait s'achever en 2009.
publié le 31 janvier 2003 à 22h03

Dans l'index en fin de volume, on trouve Mon ami Otto a mauvaise mine. Mon fils, le myope. Anna, fraises, fraises sauvages. Foule d'enfants à qui il pousse des ailes. Jeune femme blonde à Pornic. Papa portant sa tête sur une assiette. Ça pourrait être un recueil de nouvelles (ou un catalogue de tableaux surréalistes). En découvrant la très célèbre Injection faite à Irma, on reconnaît quelques-uns des 235 rêves tirés de l'Interprétation du rêve, le livre publié en 1900 par Sigmund Freud.

Dans la nouvelle traduction de ce livre qui vient de sortir, les qualités littéraires, et parfois l'humour, de Freud sont évidents, et on pourrait se contenter de le lire comme on lit les contes d'Hoffmann ou les nouvelles de Schnitzler. Sauf que, bien entendu, l'Interprétation du rêve, c'est encore bien autre chose. Rien moins que le texte fondateur du fondateur de la psychanalyse, un texte mythique. «Il introduit une nouvelle théorie : le rêve est un accomplissement de souhait. C'est aussi l'acte de naissance de la technique d'interprétation», dit Jean Laplanche, psychanalyste et directeur scientifique de la traduction des oeuvres complètes de Freud aux PUF (1). «Sur les premières théorisations concernant l'appareil de l'âme ­ inconscient, préconscient, conscient ­ ce livre contient en ferment à peu près tout ce qui sera développé et complété dans les décennies suivantes», affirme le psychanalyste Alain de Mijolla qui vient de publier Freud, fragments d'une histoire (2). Freud lui-même avait