Jacques Le Rider est spécialiste de Vienne et de la Mittteleuro-pa. Il est notamment l'auteur de Freud de l'Acropole au Sinaï (PUF, 2002).
Pourquoi tant de passions autour de cette traduction ?
C'est très lié à l'importance de Freud pour la culture française. Depuis la fin de la Deuxième Guerre, Freud a une présence extraordinaire, dans le milieu psychanalytique, mais aussi dans la culture littéraire, dans les sciences humaines et sociales. Une traduction de Freud aujourd'hui, c'est aussi important qu'une traduction du Capital à l'heure de gloire du marxisme. C'est un texte-source de notre culture.
Quels sont les mérites de cette traduction ?
Quand elles seront achevées, les oeuvres complètes constitueront la plus précise, et la plus complète, des traductions en Europe. Pour l'Interprétation du rêve en particulier, le texte est présenté de manière à distinguer les strates successives. Ce n'est pas une première oeuvre achevée qui aurait servi de socle pour la suite, mais un work in progress qui ne cesse d'être augmenté et remanié. Et cela, la nouvelle édition permet de bien le comprendre. D'un point de vue historique et philologique, elle est remarquable.
Mais vous lui faites des critiques.
Les responsables de la traduction ont établi un glossaire qui repose sur un postulat discutable. Freud, de la première à la dernière oeuvre, aurait mis au point un langage et un système de concepts, hautement élaborés, et distincts de l'usage ordinaire de la langue allemande. Pour moi, la langue