Le fragment est le mode d'expression du discours amoureux selon Roland Barthes. Il est celui de l'érotisme ou de la pornographie selon Yasunari Kawabata. Paraissent deux nouvelles inédites en français du prix Nobel japonais de littérature, né en 1899 et discrètement suicidé en 1972. Kawabata, en 1967, a publié ces deux textes («le Bras», qui date de 1963, et la nouvelle qui donne son titre en recueil et fut écrite en 1933) dans le même volume que les Belles endormies. Ce dernier texte est une de ses oeuvres les plus célèbres, une sorte de roman pornographique dont les protagonistes seraient vierges ou impuissants. Dans sa préface à la correspondance Kawabata-Mishima (disponible en Livre de poche «Biblio»), Diane de Margerie cite cet extrait de la préface de l'auteur du Pavillon d'or et d'Amours interdites (il est né en 1925 et s'est suicidé en public en 1970) aux Belles endormies : «L'érotisme ne vise pas ici à une complétude, car l'érotisme dans sa complétude s'accompagne d'humanité. La luxure, elle, s'attache inévitablement à des fragments et, privées de subjectivité, les belles endormies sont elles-mêmes des fragments d'êtres humains qui poussent le désir au summum de l'intensité. Paradoxalement, un cadavre exquis dépourvu de toute trace de conscience engendre puissamment le sentiment de la vie.»
L'édition française de la Beauté, tôt vouée à se défaire comprend également une postface de Mishima, en fait deux brefs textes de commentaires sur chacune des nouvelles. Il y revi