De la Grèce, les Français connaissent sans doute mieux la géographie que l'histoire récente tourisme oblige. Ce passé, pourtant, présente un intérêt majeur, tant en raison des événements parfois inouïs qui s'y sont déroulés qu'en raison des relectures auxquelles procède aujourd'hui une historiographie en plein renouvellement - courant auquel Mark Mazower, professeur à l'université de Sussex, contribue pleinement.
Son ouvrage, désormais considéré comme un classique dans le monde anglo-saxon, s'attache à dépeindre la Grèce des années quarante. Placée de 1941 à 1944 sous la domination conjointe des Italiens et des Allemands, le pays a connu une occupation d'une extrême dureté. Le pillage des vainqueurs comme la désorganisation des circuits économiques conduisirent à une épouvantable famine (hiver 1941-1942) où périrent, sans doute, plus de 40 000 Athéniens. Phénomène surprenant, ce désastre amena les Britanniques, en pleine guerre, à suspendre le blocus qu'ils exerçaient pour permettre au blé canadien de soulager la détresse des Grecs.
Cette famine, on le devine, eut de sérieuses répercussions sur la marche des événements. Elle rendit les Allemands fort impopulaires, malgré le soutien que leur apporta une série de gouvernements collaborateurs hypnotisés par le péril communiste et prompts à se laisser corrompre. Elle gangrena une société conduite à la criminalisation pour se procurer les ressources alimentaires nécessaires. Elle amena surtout la Résistance à se développer. Car l