Où et quand avez-vous écrit «Révolutions» ?
Je l’ai écrit plutôt aux Etats-Unis, parce que je vis là, enfin, je vis au Nouveau-Mexique, je ne sais pas si ce sont vraiment les Etats-Unis. C’est plutôt l’ambiance du désert mexicain, beaucoup de silence, un rythme lent, je n’aime pas être pressé. J’ai commencé il y a plus de trois ans, j’ai publié une assez longue nouvelle, Coeur brûle, alors que ce livre-là était en train de se faire. Le Nouveau-Mexique est un endroit neutre. La Quarantaine, qui se passe dans une petite île au large de Maurice, je l’ai écrit là, loin de la mer, et, par moments, j’avais l’impression de l’entendre. J’entendais les bruits et les brouhahas de cette ville assez brouillonne qu’était Nice dans ma jeunesse. Sans doute est-ce resté inscrit en moi.
Quand le héros enfant s’exerce à la cécité, comme la tante Catherine, qui est aveugle, il enregistre d’autant mieux ce qui se passe autour de lui. C’est la concentration de l’écrivain ?
Quand on écrit, on est devant une table avec un morceau de papier, généralement dans une pièce fermée. C'est là qu'il faut laisser passer le courant de la mémoire, des sensations, c'est peut-être cet acte d'écrire qui ferme les yeux sur le présent et les ouvre sur une vie intérieure qui n'est pas moins présente. Je ne pense pas qu'il y ait une différence entre le présent et le passé mémorisé, quand on se souvient de quelque chose, c'est un acte du présent. Je crois que la mémoire évolue avec le temps, et que ce qu'