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Libération
Critique

La peur au ventre

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Le Britannique David Peace prend pour trame les crimes de l'éventreur du Yorkshire pour une tragédie qui oscille entre l'abjection et le sacré.
publié le 13 février 2003 à 22h13

Peter William Sutcliffe a été interpellé dans la soirée du jeudi 2 janvier 1981 à Sheffield (Yorkshire), en compagnie d'une prostituée qu'il s'apprêtait à tuer ; elle aurait rejoint une liste de treize femmes assassinées depuis 1975 dans cette région des Moors, sans compter huit rescapées in extremis. Celui que la presse de l'époque avait surnommé «l'Eventreur du Yorkshire» purge, depuis, une peine de prison à vie assortie d'une incompressibilité de trente ans, il est actuellement détenu en unité psychiatrique. Et toujours, il hante David Peace, qui avait 8 ans en 1975 et vivait à Ossett, tout près de Leeds, épicentre de ces mortelles randonnées (Sutcliffe était livreur, d'où ses déplacements fréquents). Il y a un peu plus d'un an, à l'occasion de 1974 qui l'a révélé en France, l'auteur installé au Japon nous écrivait : «Tout ce temps-là, la région où j'ai grandi a vécu dans la peur et la paranoïa. Moi, pendant un certain temps, j'ai honnêtement cru que mon père pouvait être l'assassin et beaucoup d'enfants ont soupçonné leurs pères, oncles ou frères. J'ai été aussi terrifié par la crainte que ma mère puisse être la prochaine victime.»

1977, second volet d'une tétralogie (1980 et 1983 restent à traduire), s'inspire directement de l'enquête sur l'Eventreur mais n'a rien du flash-back classique qui aboutirait à un énième portrait de serial killer (Sutcliffe défonçait le crâne de ses victimes, les mutilait, les mordait parfois, aimait à narguer les médias et la police via des le