Et si la Belgique, «petit chef-d'oeuvre surréaliste d'architecture démocratique», était un modèle d'humanisme, dont pourrait s'inspirer tout territoire en proie au conflit de deux communautés ? Sur le mode du raconté-à-ma-fille, un homme s'adresse par lettres à Noa, quinze ans, restée en Israël cependant que lui-même étudie la possibilité de s'installer en Belgique, ayant «honte du mal que nous infligeons à un peuple voisin qui est sans doute si peu différent de nous». Il lui explique le passé à haute tendance schizophrène de ce pays que leur famille, juive, a quitté pour le kibboutz en 1950. N'avaient-ils pas été dénoncés par un ami, un médecin catholique ? Le roi n'avait-il pas serré la main d'Hitler ? Le comportement des uns et des autres pendant la Seconde Guerre mondiale (la première également) dessine des lignes de fracture définitives entre les communautés. Mais Marc Uyttendaele, professeur de droit constitutionnel, remonte aux origines du débat entre Flamands et Wallons, pour constater qu'il est présent dès la création de la Belgique en 1831. Au début du XXIe siècle, il est toujours là, ce qui montre sa virulence, mais sa pérennité valide paradoxalement la manière dont il a été traité : «La grande différence entre la Belgique et le Moyen-Orient est sans doute là. Chez nous, la crise produit des drames toujours plus insupportables alors qu'ici, elle est source de solutions. Presque toutes les avancées du fédéralisme ont été précédées de tensions graves entre communaut
Critique
La terre promise
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publié le 13 février 2003 à 22h14
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