Le Mal du pays est un dictionnaire de la Belgique. On croise bien sûr Eddy Merckx et Jacky Ickx, et, arrivés à Z, on ne pourra pas aller plus loin qu'un mot de trente-sept lettres dû à James Ensor, peintre et «glorieux inventeur de langue belge du XXe siècle». On apprend un tas de bricoles, Pierre Degeyter a composé la musique de l'Internationale, Maurice Maeterlinck est le seul Nobel belge de littérature, le cinéaste Jacques Feyder a trouvé son pseudonyme en passant par la rue Faider, Adolphe Saxe a inventé le saxophone. Johnny Hallyday, né Jean-Philippe Smet, «sait-il que son père, Jean Smet, belge d'origine, qui avait pour nom d'acteur Jean Michel, est l'interprète de Fantômas dans le film muet Monsieur Fantômas (1937) de Ernst Moerman (...)?». Le lecteur ira chercher cette information à J comme Johnny et non à S comme Smet. En vérité, l'ordre alphabétique lui sera de peu d'utilité, car il ne rencontrera pas ce qu'il cherche, ou ignore chercher, à l'endroit qu'il croit. Ce dictionnaire se lit d'abord comme un récit de voyage.
Emprunté à Magritte, le titre renvoie à la maladie dont meurt le père de l'auteur et qui frappe la Belgique, «aire d'amnésie, mal née, mal aimée de ses occupants, scindée en deux, indifférente aux siens, qui délaisse ses enfants, les renie, les occit, les boute, les pousse au départ». La cohorte est longue des artistes incompris, ainsi Charles De Coster, qui ne se remit jamais de l'insuccès de la Légende d'Ulenspiegel (1868), devenu chef-d'oeuvre mond