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Libération
Interview

No suture

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Un thriller haute couture par un as U.S. du glam-trash. Entretien avec Chuck Palahniuk.
publié le 27 février 2003 à 22h43

Chuck Palahniuk choisit toujours des narrateurs stupéfiants, qui lui ouvrent des perspectives vertigineuses. Après l'employé qui lutte contre l'insomnie en se faisant battre comme plâtre (Fight Club), le gourou qui raconte sa vie depuis l'avion qu'il a détourné (Survivant) et l'obsédé sexuel qui joue à s'étouffer au restaurant, voici la mannequin privée de podiums par une balle qui lui a arraché la mâchoire (1). Autoportrait : «(...) Autour du trou, la peau n'est que tissus cicatriciels : des agglomérats rouge sombre et brillants, un peu le look qu'on aurait si on se ramassait la tourte aux cerises à manger lors d'un concours de dégustation de gâteaux. Si je laisse ma langue pendre, on peut voir le voile de mon palais, rose et lisse comme l'intérieur d'une carapace de crabe, et, suspendu à la périphérie dudit voile, se trouve le fer à cheval en vertèbres blanches des dents qui me restent au maxillaire supérieur.» A l'hôpital, Shannon croise «la princesse Brandy Alexander», sublime et flamboyant transsexuel qui lui trouve une solution : se couvrir le visage de voiles. Devenir invisible pour retrouver une vie «normale», fascinant fantôme dans de chics robes au sommet desquels trône un mystère complet ­ Shannon ne communique plus que par écrit, ses tentatives verbales se résumant à des «Salghrew jfwoiew fjfowi sdkifj». Dans la foulée, Brandy Alexander lui invente une nouvelle identité : exit la ravissante blonde que ses parents hystériques surnommaient Bobosse, exit le frère ha