L'angoisse de la page blanche. Ou, plutôt, le vertige du commencement. Qui ne connaît cette nausée, insidieuse ou violente, qui saisit celui qui doit rédiger : l'écrivain, bien sûr, le journaliste devant son «attaque», l'amoureux devant son billet doux, le général devant son ordre du jour pour envoyer au casse-pipe ses soldats (si, si !) ou l'écolier devant sa composition ?
Amos Oz, écrivain israélien à la fois profus et souffrant chaque jour devant le corps-à-plume avec les mots, se fait pédagogue dans L'histoire commence, cet essai qui recueille certaines de ses leçons : il a enseigné la littérature au lycée et encore aujourd'hui à l'université Ben-Gourion de Béer-Chéva et ailleurs. Ici, le créateur se penche sur les incipit de quelques-uns de ses pairs, sur ce «contrat implicite avec le lecteur» que tout écrivain se doit d'instaurer. Point là d'exercice de stylistique littéraire dont Oz a horreur, «techniques, thèmes, oxymorons, métonymies, allégories, connotations» et autres «convictions, opinions et visions du monde» qui engorgent les explications de textes. Point ici de manuel pour professeurs qui ne veulent pas «faire désordre, pour que l'on se souvienne de ne pas plaisanter avec la littérature et que la vie n'est pas un pique-nique». Mais une invitation, et même une ode, à «l'apprentissage de la lecture au ralenti : le plaisir de la lecture, tout comme n'importe quel divertissement d'ailleurs, doit se savourer lentement, à petites gorgées». Ou encore, comme il conclut