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Libération
Critique

De guerre las

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Un roman vrai de journaliste sur le conflit tchétchène.
publié le 13 mars 2003 à 22h02

Dans quel monde vivons-nous ? Alors que monsieur Claude Durand publiait l'ouvrage de messieurs Cohen et Péan sur le Monde, le même Durand publiait, plus discrètement, un livre autrement mieux écrit et sans coquilles apparentes, Si je mourais là-bas de Dominique Le Guilledoux, journaliste au Monde depuis 1990 (après l'avoir été à Libération). Ce dernier ouvrage est présenté comme un roman, ce que n'entend pas être celui de Cohen et Péan bien que la direction du Monde parle volontiers à son endroit d'affabulations, de mensonges, bref de roman. Or, justement, alors qu'il ne fait que raconter un moment vécu de sa vie de journaliste (quelques jours à Grozny au plus fort de la première guerre en Tchétchénie), en se situant dans la catégorie romans, Le Guilledoux évite qu'on le chipote sur ses vagabondages imaginatifs, lesquels sont au demeurant les passages les plus faibles du livre.

Son point fort, au contraire, consiste à prendre à rebrousse-poil les poncifs du «correspondant de guerre» (Le Guilledoux ne se définit jamais comme tel), baroudeur incarné par deux photographes va-t-en-guerre, lesquels seraient caricaturaux si les originaux ne l'étaient pas eux-mêmes, et qui entraînent un journaliste (le narrateur, alias l'auteur) jusqu'à Grozny alors que sa rédaction ne lui en demandait pas tant. Arrivé dans la ville en ruines et sans cesse bombardée, le journaliste se demande ce qu'il fout là, a la pétoche, cherche un interprète, s'inquiète de quel foutu papier il va envoyer. Il en