L'éditeur précise que le titre de ce recueil de six nouvelles, qui est aussi le titre de la première, vient de celui d'«une célèbre eau-forte de Goya» et que le peintre espagnol a précisé : «La fantaisie, sans la raison, produit des monstruosités ; unies, elles enfantent les vrais artistes et créent des merveilles.» On avait plutôt tendance à classer du côté de chez Sade cet écrivain inclassable qu'est Gabrielle Wittkop, née en 1920 et suicidée il y a moins de trois mois, voici qu'on la retrouve du côté de chez Goya. Mais la distance n'est pas forcément si grande. La nouvelle-titre se déroule dans un institut catholique de Madrid «où, depuis plus d'un demi-siècle, échouent tous les monstres humains et parahumains que personne ne réclame». Mais qu'est-ce qu'un monstre ? Tout le monde ne le devient-il pas dès qu'il est pris dans l'imagination d'un écrivain, personnage à moitié fictif et à moitié réel, être de chair et de papier ? C'est une fête que Bob organise dans cet étrange institut. Il y a bien sûr quelque chose d'affreusement impressionnant dans la description de la danse de ces êtres difformes, dans leur soudain naturel, leur sortie hors d'eux-mêmes. Mais l'horreur n'est pas réservée aux créatures visiblement horribles. La morale, sadienne, goyesque ou wittkopienne, y a la plus belle part. La dernière phrase du texte est prononcée par l'organisateur des épouvantables festivités : «Quand la pitié me lacère impitoyablement, que me reste-t-il sinon jeter des pierres à ceux
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