Quelle garce ! Que vous soyez riche ou pauvre, Birdie Walker, c'est le genre de rencontre à ne pas faire. Ni dans les trains de banlieue, auxquels son impécuniosité la condamne, ni dans les halls de palaces, qu'elle écume encore, au bluff. Une salope née. Dure, âpre, cynique, menteuse, voleuse, et pas arrangée par les ans. Il fut un temps où elle avait «de longues jambes, de longs cheveux, de longs cils et toute la fraîcheur de la jeunesse». Elle se garde bien de donner des chiffres. Son monologue et ses souvenirs suffisent pourtant à situer son heure de gloire : celle du swinging London, des Beatles ou des Rolling Stones, des concerts fous, des cohortes de fans. Il y a vingt ans ? Vingt-cinq ? Trente ? En ce temps-là elle était la compagne de «Jack», idole entre les idoles, à l'instar d'un Mick Jagger ou d'un John Lennon : idole elle-même, par procuration, donc, et sex-symbole jalousé. Mais Jack est mort, il y a longtemps. Et Birdie Walker, déchue, sans un radis, poursuivie par le fisc, est une survivante, condamnée aux expédients : des petits boulots au service des labels rock, parce que ce talent musical qu'elle déployait naguère, incognito, au service de Jack, est toujours bon à prendre, et pas cher. Ça permet au lecteur, entraîné à ses basques, de découvrir quelques édifiants dessous de cartes du show-biz. Ça ne lui donne pas, à elle, de quoi satisfaire ses goûts de luxe et, même aux abois, elle n'est pas du genre à en rabattre. Dans le Londres d'aujourd'hui, il lui res
Critique
Taillée dans le rock
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publié le 13 mars 2003 à 22h02
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