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Libération
Critique

Claus toujours

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Des nouvelles de l'auteur du phénoménal «Chagrin des Belges».
publié le 20 mars 2003 à 22h13

Les textes d'Hugo Claus sont des empoignades. Il n'y a pas plus doué que cet homme pour imposer des personnages, et les opposer, pour nous faire croire que les caractères, bonnes et mauvaises gens, sont de la glaise et qu'il souffle dessus, tout s'anime, prend vie et feu. Hugo Claus (né en 1929) est le BGG belge, le Bon Grand Géant de la littérature de langue néerlandaise. Dès la Chasse aux canards (il a 19 ans), son premier roman, une tragédie campagnarde à l'américaine comme il s'en faisait aussi en France au lendemain de la guerre, il se distingue par les forces en présence : un valet de ferme qui a toujours été là, une jeune fille qui rencontre son avorteuse, un soldat qui s'incruste, un simple d'esprit qui veut être heureux avec sa soeur.

Le Chagrin des Belges, publié en 1983, magistralement traduit en 1985, de nouveau disponible en format de poche, vaut à Hugo Claus de figurer chaque année sur la liste des nobélisables, écrivain universel enraciné dans le local. Une petite ville flamande, les années 1939-1947, le colossal théâtre des petites et grandes turpitudes adultes, vu par Louis Seynaeve, 11 ans pour commencer, forte tête ombrageuse élevé dans le giron religieux. Un enfant qui biaise, qui a son théâtre à lui, son quant-à-soi et sa manière d'être présent à l'entourage : une famille de bourgeois collaborateurs qui ne comprennent pas grand-chose, qui n'ont pas de folles ambitions, au-delà du marché noir et de leur cendrier décoré d'une croix gammée.

Mais qu'est-ce que