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Libération
Critique

Globe trotteuse.

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Du Congo à la Syrie, des récits de voyages entre le reportage et le carnet intime. Portrait de Lieve Joris.
publié le 20 mars 2003 à 22h14

Lieve Joris est née il y a cinquante ans à Neerpelt, dans le nord de la Belgique, un petit village dans un petit pays. Dès qu'elle a pu, elle a quitté ses huit frères et soeurs, son village et la promesse d'un morne mariage, pour parcourir le vaste monde. Mais, où qu'elle aille, il n'y a finalement que dans les villages qu'elle se sent chez elle, jusqu'au fin fond de l'immense Congo. Jeune fille au pair aux Etats-Unis à 19 ans, elle s'installe à 22 ans aux Pays-Bas pour étudier le journalisme. Pendant dix ans, elle travaille pour le Haagse Post et assouvit sa soif de voyages. Mais, arrivée à un certain point, les contraintes de l'actualité ne lui conviennent plus : elle a toujours envie de voyager mais plus lentement, de comprendre, mais vraiment... En 1985, elle parcourt une première fois le Zaïre de Mobutu, en quête d'un ancêtre missionnaire au Congo belge qui a bercé son enfance par ses récits et ses cartes postales. Elle en tire son deuxième livre, Mon oncle du Congo, celui qui fonde son écriture, mélange particulier de récit de voyage, de carnet intime et de chronique acérée d'un monde absurde.

Lieve Joris n'a pas d'équivalent en France où l'on est soit un esthète du voyage, à la Paul Morand, soit un grand reporter, façon Albert Londres. Ses livres ne ressemblent à rien de connu. Son seul équivalent serait Ryszard Kapucinski, le journaliste polonais auteur de Négus, du Shah ou la démesure du pouvoir, d'Imperium et, plus récemment, d'Ebène. Il est pour elle un aîné, un am