Bruxelles envoyée spéciale
Bientôt, Stefan Hertmans ira à Tbilissi voir le pays de Médée, et à Tomi, où Ovide a été banni, et il dit qu'il en rapportera peut-être la matière d'un autre livre comme Entre villes (1), mais il n'en est pas sûr. Il n'est pas écrivain à programmer son oeuvre. Il préfère tailler sa place dans le monde à coup de phrases condensées, surgies de la juste correspondance avec l'instant. Il est romancier (voir ci-contre). Il est l'auteur de dix recueils de poésie, quatre autres ouvrages regroupent ses essais. La salve de traductions grâce à quoi on le découvre en France comporte un volume de textes sur Jan Fabre (l'Ange de la métamorphose, aux éditions de l'Arche). Il est né en 1951 à Gand, où il enseigne à l'université l'agogique de l'art, à savoir les théories de communication de l'art.
Le lecteur d'Entre villes est heureux en pays ouvert. Stefan Hertmans va de Bratislava à Berlin, d'Amsterdam à Moscou, afin d'expérimenter l'immanquable reconnaissance qui finit par saisir le flâneur dans les rues étrangères. Le regard opère la jonction, explique Hertmans, et remplit le vide qui règne à Sydney. La pensée lestée de mémoire court d'une référence à l'autre, c'est «la recognition qui s'abat sur les gens une fois qu'ils ont dépassé la moitié de leur vie». C'est la culture d'un Occidental qui a eu 50 ans en 2001. A Vienne, il reproduit le travelling mortel qui ouvre les Cahiers de Malte, pense à sa compagne et à leur bébé, fait un tour dans les rues où Elfriede