On ne prend jamais assez au sérieux les phrases que les auteurs placent en exergue de leurs romans, surtout ici où Adriaan van Dis a choisi un couplet d'une chanson en français, la Java des bombes atomiques de Boris Vian, on se dit, bon, ça lui passera : «Pour fabriquer une bombe A/Mes enfants croyez-moi/C'est vraiment de la tarte/La question du détonateur/S'résout en un quart d'heur'/ C'est de cell's qu'on écarte/En c'qui concerne la bombe "H"/c'est pas beaucoup plus vach'/ Mais un'chos'me tourmente/C'est qu'cell's de ma fabrication/N'ont qu'un rayon d'action/De trois mètres cinquante/Y'a quéqu'chos'qui cloche là-d'dans/J'y retourne immédiatement». Eh bien non, il fallait prendre ça au pied de la lettre, d'abord, comme le tempo de la chanson, le héros s'appelle Monsieur Java, un nom qu'il doit bien plus à son origine des Indes néerlandaises, capitale Java, qu'à la chanson française (il aime pourtant bien danser), ce n'est pas son nom, dans ce livre-là personne ne s'appelle par son nom, on le nomme également «l'écuyer» parce qu'il a appris à monter à cheval avant de savoir marcher et que l'arc de ses jambes le trahit, qu'il s'occupe en Hollande d'un attelage de huit chevaux de trait supposé tirer du naufrage les bateaux en perdition, ou «cacahuète» eu égard au sombre de sa peau et à cette diction particulière attrapée aux colonies. De la chanson, il fallait retenir bien plus que le nom de Monsieur Java, il sera question de bombe «A», de bombe «H», et même d'en fabriquer une
Critique
Java comme ça.
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publié le 20 mars 2003 à 22h13
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