D'où vient l'idée de «Siegfried ?» J'ai voulu donner une chance à Hitler. Cet homme était le mal même. Il a tué tout le monde : les Tziganes, les Juifs, les homosexuels, les Russes, et même son peuple. Huit millions d'Allemands sont morts à cause de lui. Il aimait son chien, il l'a tué. Il aimait sa femme, il lui a donné du poison. Je me suis donc demandé : «Et s'il avait un fils qui se trouve être juif, dirait-il : "D'accord il y a ces lois raciales, mais c'est mon fils, et je l'aime", ou bien le tuerait-il ?» J'ai posé la question à des gens qui ont longuement travaillé sur Hitler, dont son biographe Joachim Fest. Tous pensent, et moi aussi, qu'il aurait sans aucun doute tué son fils. Je lui ai donné une chance, il ne l'a pas saisie, donc il est vraiment mauvais. On le savait déjà. Maintenant, c'est prouvé.
Vous mettez Hitler dans des conditions extrêmes, la paternité. Qu'en sort-il ?
Depuis un demi-siècle, il y a eu des milliers de théories sur pourquoi Hitler est devenu Hitler, mais aucune qui permette de dire : «C'est ça, je comprends maintenant». Tout a été dit sur lui, sauf une chose : il n'était rien. Ou plutôt : c'était un trou noir qui aspirait et annihilait tout ce qui se trouvait près de lui. Dans les années 30, des écrivains s'étaient demandé comment il était possible qu'un tel homme ait tout ce pouvoir alors qu'il n'était rien. Ce que je dis, moi, et c'est complètement différent, c'est qu'il a eu ce pouvoir, parce qu'il n'était rien. Bien sûr, c'est la théorie de