Avant qu'Etats et organisations ne passent à un stade industriel, le terrorisme qu'on appelait encore l'action exemplaire était le fait d'individus isolés ou de petits groupes artisanaux. En règle générale, ces attentats, où les auteurs partageaient le sort léthal de leurs victimes sur le coup ou après un procès expéditif , n'avaient pas d'incidences notoires sur le cours de l'histoire. Le tsar de toutes les Russies Alexandre II, le président français Sadi Carnot, le roi d'Italie Umberto Ier passèrent ainsi de vie à trépas. Précipitant la Première Guerre mondiale, l'assassinat à Sarajevo du archiduc Ferdinand, héritier de la couronne d'Autriche-Hongrie, par un tireur serbe, semble, en revanche, changer la nature du phénomène. Aussi l'incendie en 1933 du Reichstag, le Parlement allemand, par Marinus van der Lubbe, un chômeur hollandais de 24 ans, fut-il considéré et traité par les nazis comme par les communistes staliniens, mais pour des raisons opposées, comme une machination majeure alors qu'il relevait de toute autre chose. La publication, pour la première fois en France, des Carnets de route de l'incendiaire du Reichstag et autres écrits rend à la fois justice au jeune van der Lubbe, décapité quelque mois après l'incendie, et démonte les ressorts d'une vision comploteuse de l'histoire bien vivace encore aujourd'hui.
Vantard, perverti, petit-bourgeois, provocateur, ma