Menu
Libération
Critique

Pleurs de Lys

Article réservé aux abonnés
L'oeil satanique d'un paon peint surveille la déréliction d'un obsédé de l'amour.
publié le 20 mars 2003 à 22h13

Autant le monde est à portée de main dans Entre villes, autant il se dérobe dans Comme au premier jour, descente aux enfers contemplée, et peut-être provoquée, par l'oeil tétanisant d'un paon. Un paon de basse-cour, une basse-cour peinte, une peinture flamande du XVIIe siècle, en réalité une copie. Le tableau, fréquenté depuis l'enfance, a contaminé le personnage principal, Simon, dont la conscience sombre un peu plus à chaque étape.

Comme au premier jour, deuxième volet d'un diptyque entamé avec une parodie d'autobiographie, est un «roman en récits» en trois parties, «Paysage aux oiseaux», «Savon noir», «Le fil d'argent». Elles sont elles-mêmes subdivisées en plusieurs récits. Un petit garçon s'enivre d'histoires d'Indiens, se coiffe de plumes, exerce sa vengeance sur le voisin qui ose s'aventurer sur ses terres. Amoureux transi, un préadolescent s'investit au-delà de ce qu'on lui demande dans le rôle secondaire d'un spectacle de fin d'année. C'est le même qui, plus tard, devenu énergumène, affublé d'un prénom barbare, participe en classe à d'infects chahuts. Le «savon noir» précipite le professeur de latin sur le toboggan de la dépression nerveuse. Un autre enseignant s'explosera la tronche au-dessus d'un moteur, toujours sous l'oeil du paon, réincarné en chef de bande débile et cruel.

«Il n'y a pas de retour possible», se dit le jeune homme soudain lucide. Il s'est un peu éloigné de son désespoir existentiel, «coupé de dérisoires petites euphories», qu'il s'efforçait de dis