Quand Edith Velmans, âgée de 25 ans, met au monde ses jumelles à Amsterdam en 1950, elle partage sa chambre avec Miep Gies, une autre jeune accouchée. Miep ra-conte à Edith qu'elle a aidé à cacher, pendant la guerre, une jeune fille qui s'appelait Anne Frank. Quand Anne a été déportée, Miep Gies a gardé son journal pour le remettre à son père, Otto Frank, à la libération. Même s'il n'y avait eu cette coïncidence assez extraordinaire, les Carnets d'Edith Velmans feraient penser au journal d'Anne Frank. Les deux jeunes filles ont le même âge, à quatre ans près. Toutes deux appartiennent à la bourgeoisie juive hollandaise et tiennent leur journal, une pratique qui n'a rien d'exceptionnel chez des adolescentes de cette époque et de ce milieu. Anne Frank mourra en déportation. Edith sera cachée et sauvée. C'est, entre autres, ce que son journal relate. Rédigé entre 1938 et 1945, il décrit la fin d'une époque, d'une enfance, d'une famille, rapportant sur le même ton, clair, précis, avec ce qu'elle qualifie elle-même de «défi enjoué», l'historique et l'intime, le futile et le dramatique. En mai 1940, la Hollande est devenue allemande, on avance «les pendules d'une heure et quarante minutes». Le 14 juin, «excellente soirée. Papa a récité du Heine. Paris est occupée par les Allemands». En janvier 1941, Edith sort patiner au clair de lune. Petit à petit, les cafés, les lycées, les plages, les trams sont interdits aux Juifs. Edith signale une grève générale de protestation (selon l'his
Critique
Soeur d'Anne
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publié le 20 mars 2003 à 22h13
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