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Libération

Délices d'initié

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publié le 3 avril 2003 à 22h35

«A un étranger qui me demandait un soir qui donc était cette belle dame, je répondis distraitement : "L'initiatrice." Je parlais quelquefois de ces bizarreries à ma gracieuse ; elle en souriait, j'en riais comme un fou. Car toute passion a ses heures divines et ses moments terrestres.» L'Amoureuse Initiation, l'unique roman achevé d'Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz et paru en 1910, mêle les instants édéniques et terre à terre dans un style étrange, une sorte de lyrisme à l'ellipse surabondante. Il y a deux narrateurs au livre : le chevalier Waldemar de L... dont le roman se présente comme un Extrait des Mémoires et le comte Pinamonte qui prend en charge la quasi-totalité du récit en racontant ses aventures au premier. Au centre de celles-ci, une femme qui n'est pas inconnue du chevalier (ni de beaucoup d'autres hommes), Clarice-Annalena Mérone, comtesse de Sulmerre. Education sentimentale particulière, l'Amoureuse Initiation confronte le mysticisme et la sexualité fréquemment abordée à l'aide de périphrases qui paraissent plus explicites que ce à côté de quoi elle tourne. «Je ne voudrais pour toute chose au monde vous faire le détail de ces scènes scabreuses où les larmes n'étaient que bien rarement seules à couler.» Le comte a fait le tour des avantages et des inconvénients de la femme avant d'en arriver à ceux de Dieu, «et c'étaient des opérations délicieuses, des flagellations exquises, des viols sauvages, anxieux, enivrants».

Par sa structure du récit imbriqué, l'Amoureus