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Mais où est donc Oscar Milosz ?

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Né en Lituanie mais de langue française, admirable mais détesté par Gide, le poète et romancier Oscar Milosz se refait une jeunesse, grâce à André Silvaire, aux Editions du Rocher.
publié le 3 avril 2003 à 22h35

Le 2 mars 1939, Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz s'effondrait mortellement, après s'être fâché contre son canari, qui ne voulait pas rentrer dans sa cage. Le médecin conclura à une embolie. Sur sa tombe, au cimetière de Fontainebleau, ses amis feront graver ces mots : «Poète et métaphysicien». Pour un petit cercle de lettrés, un grand écrivain disparaissait, sans avoir été reconnu comme il l'aurait dû, et qui aura souffert toute sa vie d'une «excommunication» décrétée par l'influent André Gide. O.V. de L. Milosz ­ souvent confondu depuis avec le prix Nobel de littérature Czeslaw Milosz, son lointain cousin ­ laissait derrière lui une oeuvre en langue française multiforme : poèmes, romans, pièces de théâtre, tous sous le signe de la mélancolie et de la quête mystique. Une oeuvre difficile à classer ­ certains le rattachent au symbolisme ou au romantisme ­ et menacée d'oubli, s'il n'y avait eu la vigilance d'une Association des amis de Milosz et d'un éditeur, André Silvaire, qui vient de vendre son fonds pour le faire vivre (lire page III).

Mort dans sa maison de Fontainebleau, Milosz avait débuté dans la vie comme un jeune seigneur, sur une terre aujourd'hui biélorusse. Son père, Vladislas, personnage fantasque et brutal, appartenait à une vieille famille aristocratique lituanienne, propriétaire de 30 000 hectares dans une contrée faisant partie de la Lituanie historique et annexée par l'Empire russe. C'est là, à Czereïa, que naît le poète. Il a gardé de ce vaste domaine et de