Londres envoyée spéciale
Ian Jack a 58 ans, une barbe, un cartable, et l'air d'un universitaire (ce qu'il n'est pas) ou d'un journaliste (ce qu'il a longtemps été). Il est aujourd'hui éditeur de la revue littéraire Granta, et c'est donc lui qui recevait jeudi dernier, dans un lieu qui ne lui ressemble pas vraiment. Le Delphina est un de ces endroits branchés du côté de London Bridge, où on sert de la fusion food, où les murs sont blancs (hormis une ou deux oeuvres de jeunes artistes) et les parquets de bois clair. Ce soir-là, il y avait beaucoup d'alcool, beaucoup de bruit, un Français qui faisait des tours de magie, un pianiste qu'on n'entendait pas et bien 300 personnes, une bonne partie de ce que Londres compte d'éditeurs, agents, journalistes, et jeunes écrivains. Un cocktail ordinaire pour fêter un événement rare. C'est la troisième et sans doute la dernière fois que la revue Granta publie ce qui depuis 1983 est devenu un repère de la vie littéraire : une liste des 20 meilleurs romanciers britanniques de moins de 40 ans.
Granta est une revue littéraire fondée en 1889 à Cambridge (elle tire son nom de la rivière locale) qui a publié les premières oeuvres d'un certain nombre de gloires littéraires avant de péricliter. La formule actuelle a été relancée en 1979 par un groupe de jeunes gens, dont l'Américain Bill Bufford, avec l'objectif de publier du «new writing», de la fiction et de la «non-fiction narrative» (récits de voyages, reportages, mémoires), à l'exclusion de