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Libération
Critique

Mouvements de Balandier

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Il a introduit la sociologie dans l'anthropologie et vivifié avec cette dernière l'étude du monde développé. Parcours de Georges Balandier.
publié le 17 avril 2003 à 22h52

Tirer un trait, passer à autre chose, ne pas se laisser intimider par le passé, traquer l'inédit : Georges Balandier a toujours aimé ça, depuis sa jeunesse. Le titre de son premier livre n'est-il pas Tous comptes faits, l'autobiographie rageuse publiée en 1947, alors qu'il n'a que vingt-cinq ans ? Mais c'est son oeuvre entière qui est portée par cette prédilection pour l'actuel, position rare chez les anthropologues, qui sont plutôt attirés par le lointain et se considèrent un peu comme les bergers de l'immémorial. Tout à une retraite studieuse, depuis qu'il a quitté sa chaire à la Sorbonne, Georges Balandier continue à publier des essais théoriques et d'autres plus personnels, qui balisent son parcours d'homme et de chercheur : ainsi, après Conjugaisons (Fayard, 1997), paraît aujourd'hui Civilisés, dit-on. Agençant différents textes, certains très anciens et d'autres inédits, organisant le va-et-vient entre avancées théoriques et ruptures existentielles, ce montage savant parvient à composer le portrait en mouvement de l'auteur et de son époque.

Après des études de littérature et de philosophie à la Sorbonne, c'est au musée de l'Homme du Trocadéro, à Paris, que Georges Balandier entreprend sa carrière d'anthropologue, au sein du petit groupe d'ethnologues du département d'Afrique noire. Denise Paulme et Michel Leiris seront ses guides les plus prévenants. A plus d'un demi-siècle de distance, l'évocation de Leiris est empreinte de la plus grande émotion. L'auteur de l'Afrique