Comme d'autres écrivains et artistes irakiens en danger de mort, Jabbar Yassin Hussin a pris le chemin de l'exil au milieu des années 70. Arrivé en France en 1976, il vit aujourd'hui du côté de la Rochelle. Adieu, l'enfant, son premier récit publié aux Editions du Gué (1) en 1996 pourrait être le titre de l'ouvrage qu'il publie aujourd'hui chez le même éditeur : Histoires de jour, contes de nuit. Comme on ne dit jamais tout à fait adieu à son enfance, l'auteur y revient, sous la forme de récits brefs comme autant de lueurs furtives, de lambeaux de souvenirs embués. Aucune histoire accomplie, plutôt une accumulation de saisissements. Sans commentaire, sans pathos, sans s'attarder, sans conclure. On songe à Raymond Carver, cet observateur sans faux col des faiblesses humaines. Mais on est loin de l'Amérique, en plein Orient, où les contes sont sur toutes les lèvres et semblent veiner l'écoulement des travaux et des jours, marquer de leur sceau le bas des pages. D'où l'envoûtante ambivalence de ces petits récits qui s'évaporent, ou se diluent sans coup férir à travers les yeux de l'enfant bordés de sommeil. L'histoire du pays s'y inscrit en pointillés, une «guerre au Nord» par exemple qui atteint le village par ricochets et vient prendre sa place dans le chapelet des histoires locales du village que les récits furtifs abordent par petites touches. Une histoire de café, un viol suivi d'une terrible vengeance puis d'une autre tout aussi meurtrière, une brigade sanitaire qui inves
Critique
Irak, l'heure des contes
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publié le 24 avril 2003 à 22h58
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