De la même façon que le nom des éditions de Minuit fut associé au Nouveau Roman, P.O.L. est désormais la marque d'une certaine poésie ou, pour mieux dire, d'une certaine poétique. Comme Paul Otchakovsky-Laurens l'écrit lui-même, «je ne sais pas s'il est nécessaire de s'entendre sur ce que c'est que la poésie». Tenons-nous à cette définition large, que la poésie interroge le rapport de la langue au monde. La plupart des auteurs de P.O.L. traversent allégrement les genres (roman, théâtre, poésie) : on voit ainsi Olivier Cadiot, auteur d'un Art poétic'(1988), désormais acclamé au théâtre, Pierre Alferi, son collègue de la Revue de littérature générale (un véritable manifeste de «l'école» poétique P.O.L.), exploser le roman avec le Cinéma des familles (1999) et le dramaturge Valère Novarina publié pour la première fois en poche dans la collection «Poésie» de Gallimard. Mais si la transversalité n'est pas un phénomène tout à fait neuf, peut-être P.O.L. est-il cependant un des rares éditeurs ayant pignon sur rue à la valoriser encore, à rebours de la frilosité générique ambiante.
Pour le reste, on pourrait s'amuser à repérer là quelques grands courants, quelques générations. On aurait par exemple les anciens comme Jacques Dupin, rejoint par son cadet Jean Daive dans une même passion pour Paul Celan. Issus de l'OuLiPo, on citera Michelle Grangaud et Jacques Jouet (Jacques Roubaud fait une brève apparition dans le catalogue). Bien sûr, ceux-ci et ceux-là ont rallié P.O.L. après avoir