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Libération
Critique

La bible du commissaire

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Deux tomes de romans durs pour l'entrée de Simenon en Pléiade.
publié le 8 mai 2003 à 22h55

Pour Simenon, l'aventure Gallimard, commencée en 1934 sur un coup de cymbale, puis interrompue brusquement au sortir de la Guerre, reprend aujourd'hui sous la forme d'un spectaculaire épanouissement posthume. Résumons : le 18 octobre 1933, le redoutable homme d'affaires qu'est Georges Simenon signe avec Gaston Gallimard un contrat qui lui est extrêmement favorable. Mais, contrairement à ce dont il a peut-être rêvé, ce n'est pas sous la déjà légendaire couverture blanche que paraîtront les romans écrit alors à un rythme soutenu ­ avec une pointe de treize titres pour l'année 1938 ! ­ mais sous un habillage plus «populaire». Le tout accompagné d'un effort publicitaire sans précédent. Simenon aura même droit à des affiches dans le métro parisien.

Peu à peu, cependant (l'exil américain du romancier y est sans doute pour quelque chose), son enthousiasme soutenu par Gide qui l'admire sans retenue mais secrètement vilipendé par Paulhan et Queneau, s'émousse. A son retour des Etats-Unis où il a flirté avec une prose plus «dure», c'est vers un jeune éditeur d'origine danoise, qui publie Peter Cheyney, James Jones et Irwin Shaw, que Simenon se tourne avec appétit. Sven Nielsen est d'accord pour lui octroyer 20 de droits d'auteur. Débute une collaboration qui ne s'achèvera qu'avec la publication des Mémoires intimes de Simenon. Aux Presses de la Cité, celui-ci a retrouvé ses marques d'auteur populaire, voire de romancier universel... Aujourd'hui, la Pléiade accueille en son sein ô combi