Il y a treize ans, lors d'un séjour en France, Susan Brison, professeur à Dartmouth College (New Hampshire), spécialiste de la philosophie du droit et des théories féministes, a été victime d'un viol et d'une tentative de meurtre. Après le viol, qui vient de paraître en France, est à la fois un témoignage et un essai où cette chercheuse qui avait déjà travaillé sur la violence sexuelle, réfléchit aux «conséquences philosophiques soulevées par (son) agression».
Les présupposés théoriques de l'auteur (en particulier la «philosophie du droit féministe») et les concepts auxquels elle fait référence victimisation, syndrome post-traumatique, survivant (c'est-à-dire toute victime de traumatisme: viol, Shoah, racisme, homophobie) sont représentatifs de courants de pensée le relativisme culturel, une vision victimisée du féminisme aussi répandus dans les universités américaines qu'irritants pour le lecteur français. En revanche, Susan Brison touche juste quand elle décrit la manière dont l'agression a explosé ses certitudes sur le monde et sa place dans le monde («Je regretterai toujours ce que j'ai été»), quand elle réévalue l'importance de la connaissance («Il a été difficile pour moi, en tant que philosophe, d'apprendre la leçon, celle qui veut que le savoir n'est pas toujours désirable, que la vérité n'est pas toujours libératrice»), ou quand elle réfléchit sur le statut du récit. Pendant les deux ans où elle a attendu le procès de son agresseur, son esprit a été totalement te