Vous êtes considéré comme «le» poète palestinien. Des premiers poèmes de résistance au dernier «Murale», aux accents métaphysiques, la Palestine semble pour vous plus un symbole qu'un territoire.
La Palestine revêt plusieurs sens. D'abord, pour l'humanité tout entière c'est un lieu sacré. Une terre sainte pour le judaïsme, le christianisme, l'islam. Géographiquement, la Palestine est au coeur du monde arabe et sa perte en 1948 poursuit jusqu'à maintenant la conscience arabe ; cette défaite historique fut une blessure, toujours ouverte. Depuis plus d'un demi-siècle, la Palestine constitue pour le peuple arabe une référence, le symbole du paradis perdu. Mais elle incarne également le combat pour la justice qui pour beaucoup d'Arabes, apparaît comme l'essence de leur existence contemporaine : la justice en Palestine représente en quelque sorte une condition d'exercice de leur propre liberté.
Que signifie cette justice ?
L'histoire de la Palestine a toujours été une histoire plurielle. Et le conflit qui nous oppose aux Israéliens, sur le plan conceptuel, tourne autour de cela. Eux voudraient que l'histoire de la Palestine commençât avec leur histoire, c'est-à-dire depuis les siècles où ils peuplèrent et régnèrent sur cette terre. Comme si l'histoire s'était cristallisée et qu'il n'y avait rien avant et rien après. L'Etat d'Israël d'aujourd'hui serait le prolongement naturel de cette période. Nous, nous pensons que l'histoire de la Palestine débute depuis qu'il y a des hommes, du mo