L'histoire du manuscrit de Kangouroad Movie ressemble à son auteur. «J'avais très mal pris de ne pas être réédité pour le cinquantenaire de la Série Noire, moi, un des seuls auteurs à lui être toujours resté fidèle. Alors, parano aidant, j'ai décidé de fabriquer une supercherie : un polar australien,traduit par mes soins. Comme ça, pour les emmerder.» A.D.G. serait allé jusqu'au bout de la farce sans un incident de parcours. «Pour la première fois, j'utilisais un ordinateur et j'ai écrasé un chapitre entier. C'était une partie compliquée, très technique, et je dois dire que ça m'a méchamment troué la bite. J'ai tout laissé tomber pendant trois ans.» L'homme n'est pas du genre à peaufiner indéfiniment. Il écrit comme il vit, sans jamais regarder en arrière. «J'ai fait tous mes polars en vingt ou trente jours. En général, je livre ma première frappe, sans hésitation, sans remords.» A.D.G. aime jouer à l'emmerdeur, une discipline dans laquelle il excelle depuis un peu plus de cinquante-six ans. Jadis chroniqueur à Minute, abonné des fêtes Bleu-Blanc-Rouge, ami intime de Le Pen, il reste aujourd'hui une des signatures régulières du Rivarol. «Le premier journal où a écrit Antoine Blondin, un vieux copain.»
Peut-être que si A.D.G. manie la plaisanterie sarcastique avec tant d'obstination, c'est parce qu'il n'est pas l'auteur du premier gag de sa vie. Ses parents, monsieur et madame Fournier, eurent la pétillante idée de le prénommer Alain. Pour un type qui veut faire des livres et