Thomas Gunzig est ce qui se fait de mieux (couper ici pour une utilisation publicitaire de cette phrase) dans son genre. Son genre, c'est le petit démêlé quotidien, la vie tristouille mais pas non plus le drame, un peu en dessous de l'antihéros, en bémol du bide, le genre de narrateur qui eût pu aussi bien n'être qu'un littérateur à la mode, n'était que Gunzig est tout sauf prétentieux et que, quand on ne prétend à rien, on reste assez léger pour être fin.
Dans le Plus Petit Zoo du monde, il y a sept nouvelles et sept animaux qui vont de la girafe jusqu'au cancrelat. Dans Royaumes, il y a trois nouvelles et trois effondrements qui vont de l'immigré rwandais jusqu'aux thermes de Spa, car, le sait-on, le Rwanda est une ancienne colonie belge et Thomas Gunzig est belge aussi. Il maltraite d'ailleurs son pays avec une violence qu'on ne voit qu'aux Américains maltraitant l'Amérique, rarement aux Français, comme si les Français ne pouvaient pas être étrangers de l'intérieur, c'est étrange justement, jamais nos héros ne vomissent Paris comme les siens Bruxelles : «Dans votre grande ville il y a quelque chose (...) qui vous mangera le foie un jour ou l'autre, quelque chose sans forme, sans nom, qui attend derrière les murs, sous les pavés, au-dessus des toits, quelque chose qui allumera un grand feu, ou qui laissera monter le pourri de dessous la terre, quelque chose de misérable qui est en train de grandir, quelque chose qui est fait de tous les détritus que vous avez balancés, de t