Un peu comme Ulysse, Eva Cantarella fait son voyage d'Ithaque pour mieux en repartir, en décrivant non pas un retour de l'ordre ancien, mais le commencement d'une histoire nouvelle et l'embryon de la polis grecque. Néanmoins son Ithaque. De la vengeance d'Ulysse à la naissance du droit est plus et surtout se lit avec beaucoup plus de plaisir qu'une archéologie savante des institutions politiques de la Grèce ancienne. Aucune pédanterie n'appesantit ce professeur de droit grec et romain de l'université de Milan, que délectent les poèmes homériques et qui démontre qu'une Ithaque telle que la décrit la poésie a bel et bien existé entre le IXe et le VIIIe siècle avant notre ère. Ce miroir composite associe en une société unique des périodes et des institutions parfois fort éloignées et, lorsqu'on gratte la patine de la royauté mycénienne, «apparaissent déjà les instances du pouvoir qui deviendront les structures porteuses de la polis classique : un "roi "qui annonce la figure du magistrat, une assemblée élargie et un conseil des anciens».
Dans son long retour, Ulysse est confronté