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Libération
Critique

Une femme qui monte

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La biographie de Claude Kogan, alpiniste d'exception, disparue dans l'Himalaya en 1959.
publié le 15 mai 2003 à 23h01

Il y a beaucoup de manières d'aimer et de parler de la montagne. Journaliste fou d'escalade, Charlie Buffet annonce toute de suite sa couleur, celle d'un alpinisme ludique, sensuel, aimant «le toucher du granit et la lumière des cascade de glace» et revendiquant haut et fort le parrainage de Gaston Rebuffat. Claude Kogan, surnommée «la femme la plus haute du monde», disparue en 1959 dans l'Himalaya, fut une pionnière de cette approche de la montagne, en opposition à tous ceux qui, dans la France de l'après-guerre encore traumatisée par la défaite de 1940, défiaient les 8 000 avec en tête la devise du Club alpin : «Pour la patrie, par la montagne». C'est une histoire extraordinaire que celle de cette petite bonne femme d'à peine 1,50 m, destinée à devenir couturière, et qui, au hasard d'une randonnée, découvre au pied d'une falaise sur la Meuse la passion de sa vie. Elle n'épousera pas «le fils des patrons de maman». Elle sera alpiniste.

La guerre et l'Occupation n'y changent rien. Elle franchit clandestinement la ligne de démarcation, gagne Nice, recommence à grimper et y rencontre l'amour, Georges Kogan, juif d'origine russe et exilé charmeur. Mais les nuages s'accumulent. La débonnaire occupation italienne s'achève et les nazis arrivent. Les déportations commencent. Claude et Georges, depuis déjà des mois, allaient de plus en plus souvent dans la montagne pour tout oublier dans l'ivresse des parois. Ils se cachent dans une masure dans le massif de l'Oisans, non loin du glac