Roman d'autofiction, comme on dit, Nina est très autobiographique. Au point qu'on aurait pu craindre que Silvia Ballestra, en faisant le récit d'un bout de sa vie (la rencontre avec un grand amour, la mise en couple, la grossesse et la naissance d'un premier enfant qui s'ensuivent), ne nous épargne rien des mille échos que se renvoient créativité littéraire et fécondité humaine. Ce n'est pas le cas. Ballestra ne fait jamais état, même entre les lignes, de ce que le lecteur sait : qu'elle est déjà, au moment de concevoir puis de mettre au monde, une femme, certes, mais aussi l'un des écrivains italiens les plus talentueux et connus de sa génération. C'est donc la naissance de Nina à la maternité qui nous est contée, ou comment une fille arrivée à la trentaine découvre vouloir ce qu'elle a toujours su confusément qu'elle voulait et y fait face comme elle peut. A sa sortie, le roman par le sujet même, les bons sentiments mis en branle et une commotion très palpable et prenante a été ressenti ici ou là comme le signe du propre «rangement» de Silvia Ballestra. On a même pensé qu'elle prenait ses distances vis-à-vis d'une mouvance, celle des «cannibales», qui, se réclamant un peu d'elle (mais surtout de son découvreur Pier Vittorio Tondelli), scandalisait un milieu littéraire italien passablement assoupi.
Les talents de conteuse de Silvia Ballestra étant grands et aucun registre ne lui étant interdit, l'histoire de Nina en emprunte plusieurs. Aussi, au moment de la rencontre et