Laura Jacobs est journaliste à Vanity Fair où elle écrit sur la danse et la mode. New-Yorkaises, son premier roman, a quelque chose de luxueux, raffiné et un peu inutile, comme les écharpes en cashmere de chez Bergdorf où ses héroïnes passent pas mal de temps. Les personnages de Laura Jacobs vivent, comme l'indique le titre du roman, à New York, une ville qu'on a l'habitude de voir représentée dans la littérature comme un lieu où circulent d'intenses flux d'énergie, criminelle ou créative. D'où vient alors ce sentiment que Lana, Iris et les autres New-Yorkaises de cette histoire, ne disposent que de très peu d'énergie pour tuer tout le temps qu'elles ont à tuer ? Le temps, mais aussi les loisirs, l'ennui, la mélancolie, les rêves vagues, comme si elles habitaient une petite ville normande ou Boston au début du siècle.
«Iris (...) avait recousu l'ourlet d'un pantalon noir des plus monotones bien au-dessus de la cheville, réservé un billet à cinquante dollars (trop, bien trop) pour la matinée de la dernière pièce de Tom Stoppard ; réaménagé son tiroir à écharpes, puis en avait tiré sa favorite, en cashmere, se l'était enroulée autour du cou pour aller s'asseoir dans Gramercy Park.» La vie de Lana et Iris ressemble à celle de femmes qui ne travailleraient pas. Elles travaillent, évidemment. L'une fabrique des abat-jour, quasiment des oeuvres d'art, hors de prix ; l'autre est journaliste, à Vanity Fair ; toutes deux passent des heures à méditer devant un sac de chez Saks ou un pl