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Critique

Jérusalem côté Gour

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Les secrets peu reluisants de la néo-bourgeoisie de Baq'a sont le piment des enquêtes menées par le commissaire Michel Ohayon.
publié le 5 juin 2003 à 23h16

A Jérusalem, le quartier de Baq'a, au sud-ouest de la ville, conserve un cachet particulier. Est-ce son caractère, encore presque intact, d'ancienne résidence bourgeoise d'Arabes chrétiens ? Le mélange entre anciens immigrants «orientaux», nouveaux venus anglo-saxons et français, militants de «la Paix maintenant» et religieux plutôt modérés (pas de trace, à l'horizon, d'uniforme noir orthodoxe) ? L'entremêlement d'HLM, un peu retapées, et de maisons arabes, bien conservées pour la plupart ? Toujours est-il que Baqa'a apparaît comme une enclave, un havre, dans l'écheveau des villages qui constituent la Ville sainte. Ici, les fureurs de la cité trop disputée parviennent comme étouffées, bien qu'elle ait connu son lot d'attentats. Mais la beauté de l'architecture, la profusion des jardins, les moeurs tempérées de ses citoyens lui offrent un visage avenant, et recherché : les «bobos» indigènes débarquent par convois. C'est d'abord ce génie du lieu que Batya Gour saisit. Car, sous cette surface lisse, dans le dédale de ces impasses secrètes, sous les hauts plafonds en ogive des demeures, se trament des drames horribles : l'auteur, dont chaque livre explore les ressorts de l'âme et les «tas de petits secrets» des classes sociales, débusque ici les remugles de la néo-bourgeoisie locale.

Michel Ohayon, son commissaire emblématique, se heurte aux passions mauvaises qui pourrissent les voisinages (un bout de parking qui empiète sur un jardin, une corde à linge indûment utilisée...), au