«Nous vivons dans un monde qui est hanté par sa propre disparition, qui passe son temps à accumuler les preuves de notre existence», déclarait Perec à un journaliste québécois en juin 1979. Depuis sa mort, le 3 mars 1982, l'auteur de la Vie mode d'emploi est toujours resté présent. Ses archives déposées à la Bibliothèque de l'Arsenal, les «Cahiers Perec», de nombreuses thèses, la réédition constante de son oeuvre et la publication d'inédits ne font pas qu'entretenir la mémoire d'un écrivain, mais semblent conjurer une disparition qui fut ressentie par ses lecteurs comme une véritable injustice. Perec avait alors atteint une maîtrise et une sérénité avec lesquelles un écrivain peut tout entreprendre et il ne manquait pas de projets : l'Herbier des villes, l'Arbre, «une sorte de "roman familial" depuis des années en chantier», «un roman peut-être épistolaire, racontant le voyage que Klee, Moilliet et Macke firent en Tunisie en avril 1914», «un roman à trois avec Calvino et Mathews» et ce n'est là qu'une mince partie du plan de travail qu'il livrait à Action poétique en mai 1980.
D'octobre 1965, un entretien donné à Elle pour la parution des Choses, à décembre 1981, une interview de Paris-Normandie à l'occasion d'une rétrospective des films de Perec, Dominique Bertelli et Mireille Ribière ont collecté les textes et de nombreux inédits, et surtout, les ont dotés d'un appareil critique considérable (chronologies, bibliographies, résumés biographiques), vérifiant tout et cela jusqu