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Wittgenstein en blocs

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Les pièces du puzzle du «penseur déconcertant» ont été bien ordonnées dans un dictionnaire.
publié le 5 juin 2003 à 23h16

En 1931, Ludwig Wittgenstein dressait lui-même la liste de ceux qui avaient directement influencé sa pensée: Ludwig Boltzmann, Heinrich Hertz, Schopenhauer, Frege, Russell, Karl Kraus, Adolf Loos, Otto Weininger, Otto Spengler et Piero Sraffa. A présent, il est lui-même une référence obligée pour la philosophie de ce siècle, et des siècles à venir ­ un classique, qui figure (depuis peu) parmi les «Auteurs» du programme des classes terminales. Si on a peine à réaliser qu'encore au début des années 70, Jacques Bouveresse, son premier et principal spécialiste français, était contraint de le présenter et de le «faire connaître», on ne s'étonne guère qu'au Viennois puisse être consacré aujourd'hui un dictionnaire entier, comparable par exemple au Kant-Lexikon (1). Parce que difficile, parce qu'unique dans sa forme et son style, éclatée en domaines différents, inachevée (seul le Tractatus logico-philosophicus a été publié du vivant de l'auteur), parce qu'elle a des «parties» séparées, et critiques l'une de l'autre, l'oeuvre de Wittgenstein exige plus que tout autre une «road map», une carte des notions, des mots clés, des thèmes, des connecteurs, des champs de recherche... Le Dictionnaire Wittgenstein de Hans-Johann Glock les fournit.

L'ouvrage s'ouvre sur une «Brève biographie intellectuelle», dans laquelle sont rappelées les principales étapes du cheminement de Wittgenstein: les années viennoises, les études d'ingénieur, les expériences aéronautiques à Manchester, l'intérêt pour