Pourquoi, quelle que soit la culture de nos jours comme dans le passé lointain, qu'il y règne l'écriture ou qu'elle soit orale, en Asie, en Europe et en Afrique , ne cesse-t-on de s'interroger sur la nature de la représentation ? Comment se fait-il que certaines sociétés peuvent avoir un rapport non problématique avec leurs images, alors que les mêmes, ou d'autres, en viennent à les rejeter parfois violemment, à différents moments de leur histoire ? C'est à cette question à tiroirs qu'essaie de répondre l'anthropologue britannique Jack Goody dans la Peur de la représentation. L'ambivalence à l'égard des images, du théâtre, de la fiction, des reliques et de la sexualité. Agé de 84 ans, professeur honoraire d'anthropologie sociale à l'université de Cambridge, vivant désormais une partie de l'année dans sa maison du sud de la France et l'autre partie aux quatre coins du monde, où le conduisent ses conférences, Jack Goody ne cesse, depuis plus d'un demi-siècle, de secouer les cocotiers de sa discipline. Il s'est, par exemple, battu pour l'ouvrir à l'histoire, à l'heure où l'on ne jurait que par la monographie et l'étude synchronique. Dans le même mouvement, il y a introduit la démarche comparatiste, pour montrer que la variabilité des cultures ne parvient pas à effacer les points fonciers de contact notamment le fait décisif d'un commun ancrage dans le langage de toute expérience humaine.
Il existe des religions iconoclastes ou iconolâtres, selon l'attitude qu'elles entretie