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Libération

Savez-vous planter les clous?

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publié le 12 juin 2003 à 23h21

D'abord, le premier chapitre semble n'avoir aucun rapport avec la suite (mais quand surviendra la deuxième partie, on pourra croire aussi de nombreuses pages durant qu'elle n'a guère de lien avec la précédente). «Nous voyageons le plus souvent en avion, et pourtant l'esprit de notre pays semble être resté celui d'un pays de chemins de fer.» Un agent immobilier attend un éventuel client sur un quai pour lui faire visiter une maison dont la propriétaire, une veuve «piètre vendeuse», sera absente. Elle est là. Elle parle sans qu'on ne lui demande rien. Elle raconte comment son mari est mort ici, combien elle ne lâchera pas la maison à moins de cinquante-sept mille dollars, un prix bien inférieur à celui demandé par l'agent immobilier. Elle en parle de telle façon que personne de sensé n'aurait envie de l'acheter, et «l'étranger, qui s'appelait Hammer, sentait l'absence d'intérêt que lui inspiraient les lieux croître jusqu'à une espèce de neurasthénie ; mais la maison tragique et brillamment éclairée était pratique et fonctionnelle, et c'est dans de telles maisons que l'on habite». Bullet Park, banlieue aisée, est bien le lieu où il faut être même si la vie y paraît sinistre. «Je crois que c'est ce que nous cherchons, déclara-t-il. J'amènerai Mrs. Hammer demain et je la laisserai décider.»

Né en 1912 dans le Massachusetts et mort à New York en 1982, John Cheever fut très tôt un écrivain réputé aux Etats-Unis pour ses nouvelles qui paraissaient dans le New Yorker. Les Lumièr