Pas facile de mourir en été : dans sa chambre d'hôpital, Lia pense à la vie qui s'en va. Pas évident, en fait, de vivre en n'importe quelle saison : dehors, son frère, Isidoros, «Sid», drague une fille qu'il a vu danser sur Black Magic Woman. Le célibataire noctambule vit avec un mainate et s'amuse à des concours de crachats dont la règle est de viser sur l'écran le présentateur télé : «Si j'étais un héros américain je saurais quoi faire.» Dommage, Sid n'est qu'un antihéros grec à l'aube du XXIe siècle. «Comment vas-tu accueillir le nouveau millénaire, Sid ? -Une bière dans une main et ma bite dans l'autre.» Lia, la romancière, la forte tête, sourit de ce cadet qui ne sait pas faire grand-chose. Mais voilà que se présente une occasion pour lui d'être utile. Travaille à l'étage un infirmier qu'elle exècre. Pourquoi le déteste-elle tant ? Comme ça, parce qu'il a des yeux de poissons, qu'il est pataud, et qu'il ne cède pas aux caprices de la chieuse de la chambre 11. Alors Lia veut monter un coup, se venger de Sotiris avec l'aide du frérot. Sid l'aborde en prétendant qu'il est Thanassis, un ancien camarade de classe. Le nicodème ne se souvient pas, mais qu'on n'a pas d'amis, la compagnie, ça ne se refuse pas. Et puis lui aussi est un vieux garçon qui n'en peut plus d'être un SDF du sexe. Sotiris est un personnage «houellebecquien» : un week-end, dans son village natal, il est pris en flagrant délit d'onanisme par Nina, une jeune estivante de 12 ans.
Ersi Sotiropoulos, née à Patr