Menu
Libération
Portrait

En haut à gauche

Article réservé aux abonnés
Erri De Luca, 53 ans, écrivain italien. Ancien gauchiste non repenti, ancien ouvrier, il se passionne pour la Bible et l'escalade.
publié le 25 juin 2003 à 23h32
(mis à jour le 25 juin 2003 à 23h32)

Erri De Luca dit que «chacun de nous est une foule». Et c'est sa vie. On l'a aperçu juré à Cannes, silhouette élégante, intrigante, silencieuse, aux côtés de Meg Ryan et de Patrice Chéreau. Il est photographié dans le dernier Vertical, le magazine des grimpeurs, corps parfait accroché au plafond d'une impossible voie italienne, à 53 ans. Et il reste l'écrivain adulé du public pour ses livres paraboles. Tout est en nous, dit Erri De Luca. Laissons sortir les foules, les enfants, les adultes et les vieillards, les intellectuels et les manuels, les bons et les méchants. Délivrons-les, sinon «l'obligation d'être un individu habitue la variété de personnes qui s'entassent en chacun de nous à rester silencieuses».

A l'alpiniste de conjurer le temps et ses offenses. A l'âge ou les corps capitulent, Erri De Luca a franchi un vertigineux record, doigts de pieds et de mains crispés sur les grattons de la mythique Théorie du 8a (1). Il est sorti de la voûte en héros, souriant : «J'avais encore de la réserve.» Il dit : «La force pure et la résistance ne sont pas entamées par l'âge. Le corps est un animal inconnu.» Tout est affaire de conduite, «je suis terriblement amoureux de la pasta et de l'ail cru». Tout est surtout affaire de désir, plus soluble que les muscles dans les années. En montagne, il se dit visiteur : «Ma méthode, c'est de ne jamais planter un clou et de faire le moins de bruit possible. J'aime passer silencieusement, je me fâche avec moi-même si je fais bouger une pierre.