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Libération

Le mobilier national

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Bienvenue chez Flohic, éditeur spécialisé dans l'inventaire du patrimoine.
publié le 26 juin 2003 à 23h34

On vit tranquillement, pour ne pas dire bêtement, et puis un jour on tombe sur la photo d'un tabouret pour chameau, à la page 243 d'un ouvrage intitulé «Le patrimoine de la Banque de France». C'est un livre épais (712 pages), inventoriant en 2000 photos et autant de notules un univers dont on se fout comme de l'an quarante. Mais ce tabouret est vraiment très chouette. On lit dans la notule que les grands livres de comptes de la Banque étaient naguère placés sur des meubles hauts, permettant d'écrire debout, appelés «chameaux». Pour l'employé astreint à de longues écritures, ou simplement fatigué, ce tabouret était une bénédiction.

Mais, déjà, nous sommes à la page 301, en arrêt devant une jolie presse à gaufrer, utilisée dans le temps à la succursale brestoise de la Banque de France. D'ailleurs on nous donne aussi à voir ladite succursale, reconstruite en 1953. Et l'on apprend que le jour de son inauguration, le directeur a déclaré : «Harmonieux et sobre, avec son importante façade en granit de Huelgoat, c'est en vérité un bel édifice.»

C'est là que les choses se gâtent. Car à peine a-t-on fini de fouiller les greniers de la Banque de France jusqu'au moindre taille-crayon, que l'on se plonge dans «Le patrimoine de la RATP», chez le même éditeur, y pêchant des tickets de bus pour chien (il en exista vers 1900) et de jolies calandres de radiateurs. Le modèle Schneider H («assez semblable au modèle Schneider PB 2, fabriqué par Goudard et Mennesson, future entreprise Solex, instal